“La NEUROPOSTUROPHONIE est une nouvelle approche en orthophonie, dans laquelle le corps est le pilier de la rééducation. Grâce aux apports des neurosciences et de la neurologie fonctionnelle, le mouvement et les récepteurs sensoriels deviennent le point de départ de la stimulation et de l'activation de la cognition. Cette approche, qui n'utilise plus les outils traditionnels en rééducation qui s'appuient sur des processus mentaux, a le mérite d'être facile, agréable et peut raccourcir considérablement le temps de la prise en charge.”
Les termes Orthophonie Posturale, Orthophonie Neuro Fonctionnelle ou Neuro Cognitive entrent tous dans le cadre de la Neuroposturophonie, qui associe posture, orthophonie et neurologie fonctionnelle.
Dans le domaine structurel et énergétique, la langue est le lien entre l’orthophonie et la posturologie. Depuis que l’on connaît son impact direct sur l’ensemble des chaînes musculaires, la langue a été reconnue comme étant le gouvernail du corps par tous ceux qui en ont une approche globale et holistique. Il suffit en effet d’observer, avec le test des pouces montants par exemple, comment la position linguale palatale physiologique modifie (en l’améliorant) l’équilibre de la chaîne spinale pour s’en persuader. Dans cette position, elle tonifie également tout muscle ou groupe musculaire testé séparément !
Si cela ne suffit pas, observez l’impact immédiat de la déglutition secondaire (dents fermées) sur la chaîne osseuse cervicale, en la mobilisant massivement… et découvrez le rôle étonnant et éminemment postural de cette fonction plusieurs centaines de fois par jour. Enfin, si nous savons tous que tenir debout dépend étroitement de notre système visuel et auditif, nous connaissons moins les liens neurologiques de la langue avec ces deux systèmes. Sans parler de ceux qu’elle entretient avec ceux des appareils manducateur, respiratoire et cardiaque qui lui confèrent une fonction importante de régulateur de premier plan.
Un orthophoniste a donc tout intérêt à rééduquer la déglutition primaire en la reprogrammant dans le contexte postural et global qui la sous-tend. Cela implique des exercices spécifiques qui concernent l’ensemble des chaînes citées. Ces exercices et cette approche ne peuvent en aucune manière être limités à la tonification des muscles de la langue ou de la sphère oro-faciale comme cela est encore d’usage.
La reprogrammation doit concerner toute étiologie repérée lors du bilan postural : les aires motrices et sensorielles de l’ensemble du système sensoriel, les chaînes musculaires, l’organisation de la latéralité corticale hémisphérique, son adaptation par le tronc cérébral, l’expérience neurologique et émotionnelle de la première oralité, l’incidence des facteurs génétiques.
Cette approche lui évitera bon nombre de surprises et limitera grandement les récidives si courantes dans ce type de rééducations.
Pour résumer : la position palatale au repos maintient l’ensemble de la musculature du corps en équilibre dans le système gravitaire. Bien déglutir, mobilise un ensemble structurel et musculaire en le régulant.
L’approche neuro-psycho-linguistique en cours dans les rééducations orthophonistes traditionnelles, bien que fort utile, ne nous semble pas donner au corps tous ses droits dans son implication directe sur le fonctionnement cérébral et cognitif. En effet, le système neurologique d’un enfant ne peut être approché par les seules voies descendantes du système nerveux central, en négligeant les voies ascendantes et périphériques. Le développement du cortex est basé sur la double circulation et le caractère indissociable des voies afférentes et efférentes.
Pour nous, l’intelligence est l’harmonie synchrone des informations données par le cerveau au corps, et celles données par le corps au cerveau. Comme l’arbre se nourrit d’air, de ciel et de lumière, tout autant d’ombre et de terre.
Chez les orthophonistes, si la fonction musculaire de la langue est depuis longtemps appréhendée de façon isolée, son implication dans les troubles neuro-cognitifs, comme la dyslexie, est encore à ses premiers balbutiements. Il est en effet inconcevable pour nous de prendre en charge un dyslexique sans que l’on ait au préalable observé comment il fonctionne avec ses capteurs sensoriaux (yeux, oreilles, nez),sa bouche, ses dents, sa langue, ses cervicales, ses mains, ses doigts, ses pieds et jusqu’à ses orteils !
Car chaque individu va fonctionner différemment et de façon unique et spécifique pour, soit potentialiser ses ressources physiques, psychiques ou cognitives, soit compenser celles qui lui font défaut.
Prenons l’exemple d’un enfant qui interpose sa langue entre les dents tout particulièrement lorsqu’il écrit ou lit. Pour nous, il sera en train, sans le savoir, de compenser quasi-systématiquement un trouble oculo-moteur ou une déficience oculo-corticale (si tant est qu’elles soient séparables…).
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S’il respire par la bouche en travaillant, c’est qu’il est en déficit énergétique et surchauffe cérébrale, les voies nasales n’y jouant plus leur rôle ventilatoire.
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S’il présente un articulé dentaire inversé, c’est qu’il compense une latéralité corticale mal installée.
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Si, en écrivant, il met ses orteils en flexion contractée de l’un ou l’autre de ses pieds, cela nous mettra directement sur la voie de la voie visuelle qu’il est entrain de privilégier, ou compenser.
Au vu de ces observations, nous mettrons en place une batterie d’exercices posturaux spécifiques lesquels vont accompagner son approche cognitive. Ceci aura un double avantage :
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Recadrer le problème dans un contexte somatique et non seulement cognitif et intellectuel (cadre beaucoup moins culpabilisant, car le corps comme le mouvement sont beaucoup plus accessibles à l’enfant).
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Accélérer parfois de façon spectaculaire ses progrès scolaires.