Amer Safieddine Orthophonie, Neuroposturophonie, Hypnose

Approche posturale et hypnotique en orthophonie

Cette page relate le cheminement personnel qui m'a conduit à l'approche globale en orthophonie, à l'hypnose, et à la Neuroposturophonie.

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L'hypnose, dans les sphères universitaires et scientifiques commence à peine à être reconnue comme un outil sérieux de thérapie. Le courant officiel actuel fait essentiellement confiance aux tests étalonnés, statistiquement éprouvés, à l'approche cognitive, neuro-psychologique et neuro-linguistique. La logique de l'esprit scientifique se trouve désemparée face à l'hypnose, qu'elle ne maîtrise pas. Les dérives des uns et des autres la réconfortent dans ses suspicions, renforcent ses résistances.

Comment en effet accepter que la thérapie puisse se mettre au service du monde de chaque patient sans remettre en cause tout le système éducatif et professionnel sur lequel se base le
principe des remboursements des actes médicaux et paramédicaux ? Comment accepter qu'on ne soit plus seuls maîtres à bord ? Que le capitaine désormais soit notre patient, que les commandes du navire lui soient rendues, et que nous ne soyons finalement qu'un instrument de bord ?
Au sein de nos universités, nous avons été « formatés » dans la toute puissance de nos spécialités. Au mieux le patient s'adapte à nos techniques, pour ne pas être taxé de « mauvais sujet », résistant, non motivé, incompétent. Au pire, nous formatons nos patients à notre propre formation ou sensibilité. La « position basse » est une posture inconnue en thérapies orthodoxes. Elle renvoie à l'incompétence, à l'ignorance et l'insuffisance. Elle n'en conduit pas moins à l'arrogance bien connue de celui qui sait, face à celui qui ne sait pas, et qui souffre de surcroît.

Trois conséquences possibles en découlent naturellement : la réussite lorsque la chance rencontre notre chemin, sur lequel se trouvait déjà notre patient ; l'échec culpabilisant pour le thérapeute un tant soit peu consciencieux ; l'échec culpabilisant du patient, incompétent pour guérir à nos yeux, et pire, à ses propres yeux.
L'hypnose nous a appris la modestie : lorsque nul n'est « responsable ni coupable », au sens le plus noble des termes, nul n'est « bon », nul n'est « mauvais » . Ensemble, nous parcourons un bout du chemin, nous séparant « au bon endroit, au bon moment » . L'orthophoniste pratiquant l'hypnose, et tant d'autres professionnels de l'entité paramédicale, se trouvent dans un double embarras.

L'hypnose en effet, n'est pas officiellement reconnue, « l'hypnotisme » l'est ! (cf Code de la Santé), à condition d'être exercé par un médecin.

L'orthophoniste n'est pas médecin, l'hypnose médicale est enseignée par des médecins, sérieux, universitaires, hospitaliers. Mais y compris dans ce cadre, l'hypnose de l'orthophonie est souvent rapidement, facilement et abusivement assimilée à de la « pratique illégale de la médecine », ou à du « charlatanisme », comme cela me fut tout récemment reproché par un haut responsable d'un organisme social.

Comment faire avec tous ces dilemmes ? Je n'ai trouvé personnellement qu'une réponse : continuer à y croire ! Plaçant encore et toujours l'intérêt majeur du patient qui me confie son problème et sa souffrance, dans les limites de mes compétences professionnelles, éthiques, déontologiques et humaines. Le reste est une histoire de combat (mini-combat à mon échelle), comme la vie en consomme et digère depuis l'aube des temps.

J'ai toujours tenté (à tort peut-être) de comprendre ou donner du sens aux choses, ressenties, enseignées, ou tout simplement vécues. Sans sens, et ce n'est un « scoop » pour personne, l'absurde et la déprime guettent chacun d'entre nous. Disons que le sens est un puissant et naturel anti-dépresseur, économique et écologique de surcroît. Longue introduction, mais elle correspond à la joie et aux soucis de ma vie professionnelle et personnelle quotidienne, notamment depuis que des « instances officielles » et réglementaires, ont décidé un jour de me « recadrer » dans le domaine des « données acquises de la science » ! La « science » de mon modeste point de vue, ne doit jamais perdre de vue son objectif essentiel : utilisation d'outils pragmatiques, recherche, efficacité et éthique au service des patients. Le reste est littérature, histoire ennuyeuse d'intérêts et de pouvoirs, dont l'histoire ne retiendra rien de glorieux, pas plus peut-être que mes idées naïves. Idées qui eurent pour point de départ une amère constatation : les récidives et les échecs multiples en rééducation orthophonique. Rééducation que je trouvais harassante, répétitive, désespérément longue. Je m'y ennuyais et ennuyais mes patients, sans pour autant obtenir les résultats escomptés, proportionnels aux efforts consentis de part et d ‘autre.

Il fallut bien admettre un jour que, bien que l'intention fût bonne, les moyens étaient inadaptés. Le système inconscient, celui du patient et le mien étant peu sollicités, voire inhibés, censurés, au nom précisément des sacro-saintes « données acquises de la science ». Données lesquelles, appliquées sans ouvertures de l'esprit, verrouillaient littéralement nos modestes cerveaux. Surtout lorsqu'on sait ce que nul n'ignore que, malgré les progrès de la science, et ses « données acquises » du point de vue de l'humanité industrieuse, nous n'utilisons encore, au XXIème siècle, qu'un pourcentage infime de nos capacités cérébrales, de notre matière grise vivante. Vivante parce que aussi créative ! Et que la créativité du plus modeste intellectuellement d'entre nous est quasi sans limite. L'approche universitaire et orthodoxe de la dyslexie par exemple, me parut donc en toute modestie limitée. Disons qu'elle ne correspondait pas à ma petite personne, ou que celle-ci avait un degré d'exigence auquel je ne pouvais accéder. En tous cas elle me paraissait ne pas prendre suffisamment en considération le potentiel propre de chacun. Bien qu'il soit admis partout, intellectuellement dans nos cours et formations qu'il faille « respecter la personnalité du patient » pour une efficience maximum, où l'empathie entre patient et thérapeute se doit de rester au centre de toute thérapie.

Il est commun et facile au corps enseignant de suggérer cela. Manquent trop souvent les moyens d'y parvenir. L'idée seule reste une idée. Ce dénominateur commun avec le patient ne peut se créer uniquement sur la base de la bonne intention, ou si le hasard des éventuelles compatibilités humaines, des atomes volatiles se trouvent crochus en un lieu et temps donnés. Scientifiquement, cliniquement, et même intuitivement, tout doit se construire en thérapie. Selon des méthodologies structurées, ayant pour base des systèmes codés. Dire et répéter « il faut », sans donner l'outil ou l'idée de l'outil sur les bancs des universités, relèverait de la langue de bois, ce qui pourrait paraître un comble pour les orthophonistes en devenir. Car le futur professionnel, se trouvant face à son patient, ne pourra exercer son art qu'avec des apprentissages théoriques, statistiques, « scientifiques », cliniques, sans appropriation personnelle. Que devient en mer, sans ancre, un navire même luxueux ? Il n'en ressortira face à la complexité de tout être humain qui fait la démarche de faire appel à nos services, et qui nous ressemble, que de l'angoisse et de la culpabilité inutiles.

38 ans après la fin de mes études universitaires, et juste après mon premier bilan de mon premier patient, je trouvais enfin la méthode de ce pathétique « il faut » de certains de mes professeurs : 30mn d'une émission télévisée sur l'hypnose suffirent pour que ma vie professionnelle et même personnelle basculât ! Où tout (ou presque) devint possible. Où il n'était plus interdit de « rêver tout en travaillant », où il était désormais possible de « ne rien faire » pour que tout fonctionnât !

Enfant, j'ai beaucoup « souffert » de mes dents et de leurs indésirables et douloureuses locatrices. Evidemment, comme tout enfant, je ne les brossais pas régulièrement. Sirotant en cachette les petits pots de Nestlé de l'époque (où les bactéries des millions de bouches d'enfants du Tiers-Monde boivent encore du petit lait). Responsable et malgré lui, mon pauvre père, qui avait heureusement les moyens de le faire, conduisait régulièrement le coupable chez le dentiste « sadique » du coin. Le paternel n'avait pas besoin de me punir : le chant mélodieux de la roulette (pas russe, mais c'était pareil au Liban) suffisait ! Avec effet de conscience rétroactif à chaque contact du baiser de la pointe diamantée du tortionnaire.
Quelque temps plus tard, celui-ci annonça à mon géniteur que mes dents nécessitaient en plus un « redressement de rigueur ». Comme il redressait parallèlement ses propres affaires, il estima, à mon grand soulagement, que mes quenottes commençaient à grever sérieusement le budget familial. Pour qu'il ne m'oubliât point entre rejetons et commerce, je développai une scoliose suite à une sacralisation de L5-L6, exactement comme lui ! Quelques mois plus tard, tout heureux de ma dernière trouvaille, je lui présentai un jour une langue « géographique », changeant de formes et de couleurs au gré d'un autre système : celui de mes viscères d’adolescent. Dépité par ce gosse, il dut me conduire chez l'ORL de l'époque qui, avec seulement deux ou trois mille ans de retard sur la médecine chinoise, traita l'affaire par une tape condescendante sur l'épaule de mon père: « C'est rien! ». Il n'en fallait pas plus aux oreilles prédisposées du paternel, pour que nous rentrâmes tous deux encore une fois rassurés, encore une fois complices à la maison. Le problème c'est que « rien » emplissait ma langue de fissures variables et de migrations de tâches blanchâtres me la rendant nouvelle et méconnaissable chaque jour.

Nous étions en effet bien avancés, puisque il n'y avait rien à faire ! N'est-il pas naturel de ne rien proposer lorsqu'on estime que le problème de l'autre est rien ? Je suis sincèrement toujours reconnaissant à ce toubib consciencieux qu'il ne m'ait pas proposé de remède au « mal » dont il ne connaissait rien, et que sa consultation m'ait permis de sortir seul avec papa. L'ennui c'est que je commençai à m'habituer à ce genre de sorties et, peu de temps après, lui « cassai à nouveau les pieds », par une intervention en urgence sur la voûte plantaire de mon pied gauche, afin d'en extraire des verrues profondément enracinées ! Cette fois-ci encore, le consensus fut aussi fataliste qu'unanime. La douleur et la maladie sont langage. De son côté ma mère, contrariée de tant de choses, en commençant par sa main gauche attachée à un banc d'une école de Tyr, entreprit de la droite, 40 ans plus tard pour survire psychiquement, de se jeter corps et âme dans la calligraphie arabe et mit au monde à la fin de ses jours son « sixième enfant » comme elle disait : une œuvre belle des couleurs de son cœur, sur les quatrains d'Omar KHAYAM. KHAYAM était philosophe, mathématicien, poète, astrologue, épicurien et contestataire de la pensée religieuse du monde arabo-persan au Moyen-Age du clair-obscur de l'Orient. La légende dit que ses manuscrits originaux se trouvaient dans un coffre-fort du Titanic…

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C'est ainsi que je vins à l'orthophonie, et à l'hypnose. Mon corps d'enfant fut mon école gratuite et obligatoire, et j'y trouvais l'enseignement des choses plus cohérent, les récompenses comme les punitions plus justes. Bien plus tard j'appris par exemple que lorsque certains de ses systèmes s'inversaient, par nécessité et par adaptation, comme celui des dents, il était naturel que les productions de ce corps s'inversassent à leur tour. Je trouvai là un signe et un appel fantastiques d'un code subtil, et non seulement comme un mal à endiguer, une bête à traquer et abattre. Nous vivons des temps guerriers, nous-mêmes comme un champ de bataille privilégié sur lequel les ennemis convergent pour y pratiquer leurs légitimes boucheries. Que ce soit au nom des dieux de tout poils, de la politique, ou bien au nom de la science, les trois lames rasant de plus en plus près. Jamais le matin je n'eus le visage autant en feu que depuis qu'une certaine marque américaine mit ces dernières sur le marché ! Je compris aussi, tardivement (hélas !) que le cerveau était un disque dur, fonctionnant avec une souplesse remarquable selon les lois des autoroutes afférentes et efférentes. Que nous ne percevons le monde et nous-mêmes qu'à travers notre système sensoriel, lequel structure et modèle notre système musculaire et somato-émotionnel par les lois universelles et incontournables de l'interactivité. Que là résidait peut-être l'une des clés majeures du décodage et de la restructuration raisonnables, adaptées et adaptatives, pour vivre au mieux avec ce que nous sommes, et ce que nous avons, et en meilleur équilibre avec les autres.

Alors que « L'enfer, c'est les autres » disait SARTRE. Qu'il me pardonne mon impertinence, mais il me semble que lorsque nous rencontrons l'enfer chez les autres, c'est souvent parce qu'il dormait au fond de nous ! Mais je ne suis qu'un simple orthophoniste : tais donc tes impertinences mon pauvre ami. Bientôt avec l'Administration, certains, en cette époque où l'on intente un procès pour une branche audacieuse d'un figuier ombrageant l'hypothétique gazon du voisin, où l'on fait venir le gendarme le dimanche pour museler les gosses qui jouent en criant dans les quartiers des retraités, on ne manqueraient pas de t'accuser aussi « d'exercice illégal de la philosophie ».

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J'entrepris donc d'approcher l'orthophonie en général, et la dyslexie en particulier (expression de l'inversion du système neuro-sensori-moteur et de son ancrage somatique du temps et de l'espace), en traitant et « sous-traitant » avec des équipes pluridisciplinaires les dents, la langue, les yeux, les oreilles, le nez, les mains et…les pieds ! Révérence faite et à l'orthophonie et à l'hypnose.

 

 

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